Interview d’Audrey Schoonwater

Le smartphone est devenu l’outil incontournable pour nos activités journalières. Une expérience plus intuitive et une meilleure connectivité sont les principales raisons d’une évolution de nos usages internet. La conférence d’Audrey sur les recherches mobiles aura une résonance particulière car nous sommes tous concernés que ce soit en tant que mobinaute ou en tant que marque.

Développeur puis chef de projet technique pendant 8 ans, Audrey s’est parallèlement intéressée au référencement naturel dès 2003. Membre fondateur de l’association SEO Camp en France en 2008, elle revient en septembre dernier en tant que membre du Conseil d’Administration de l’association. En 2009, elle intègre RESONEO, un cabinet de conseils où elle exerce actuellement le métier de consultante SEO et se charge de réaliser une veille SEO et Social Media.

Audrey, peux-tu nous faire un point sur l’usage mondial d’internet ?

En 2015, Google annonce que les recherches internet sur mobile sont devenues majoritaires dans 10 pays dont les Etats-Unis et le Japon. En octobre 2016, d’après Statcounter, l’effet est devenu mondial. Les smartphones et tablettes ont ainsi représenté 51,3% de l’usage mondial d’internet contre 48,7% pour les ordinateurs. C’est à cette date que tout a basculé et que l’usage d’internet n’a cessé de progresser en faveur du mobile.

Quels sont les enjeux pour les marques par rapport à cet usage du mobile ?

Les enjeux sont souvent orientés par les géants du web notamment Google avec le déploiement récent de son index Mobile First. Le classement dans les pages de résultat est basé sur le contenu et la qualité de la version mobile d’une page et non sur sa version desktop. Un sujet sur lequel je reviendrai sûrement lors de ma conférence avec les bonnes pratiques qui auront émergées d’ici là.

Autre enjeu officiel en SEO : le temps de chargement d’une page sur mobile. Ce temps a un impact fort sur le taux de rebond et le taux de conversion. Il faut savoir qu’avec un temps de chargement supérieur à 4 secondes, le taux de rebond est de 60%. En revanche sous la barre d’1 seconde, le taux est de moins de 1%. Un « bon temps de chargement » est de 1 seconde 5 en 4G. Avec plus de 4 secondes de temps de chargement, le taux de conversion est, lui aussi, catastrophique. Il s’améliore sous les 2 secondes. Quand on gagne 1 seconde sur son temps de chargement on améliore de 27% son taux de conversion.

Enfin, en termes d’usage, les applications natives sont très présentes sur les mobiles. Nombreuses sont celles téléchargées gratuitement ou non depuis un magasin d’application (App Store pour Apple ou Google Play pour Androïd) et utilisées régulièrement par les mobinautes. Cette démarche avec les applications natives est super pour exploiter les capacités d’un mobile car on va se servir de l’environnement du système du mobile pour aller disposer des fonctionnalités comme par exemple le GPS. Deux remarques cependant sur les applications natives. La première est qu’il existe un risque potentiel de perdre des utilisateurs dès l’installation (environ 50%). En effet, cette action nécessite une connexion correcte avec du Wi-Fi et ceux qui n’en ont pas remettent à plus tard l’installation voire ne le font pas du tout. La deuxième porte sur l’utilisation des applications. On se rend compte que se sont toujours les mêmes applications qui sont utilisées par les mobinautes : les réseaux sociaux les plus connus, etc…

Une marque a-t-elle un réel avantage à développer sa propre application native ?

Le développement d’une application engage des coûts élevés. Cela nécessite un chantier par système d’exploitation et la maintenance de 2 versions, mobile et desktop d’un site.

Depuis l’année dernière et l’avènement des prochaines versions de navigateurs internet qui vont évoluer et intégrer de nouvelles technologies, Google (et sa nouvelle version Chrome) a notamment poussé une autre façon d’envisager les applications sur mobile : les Progressive Web Apps (également appelées PWA).

Les Progressive Web Apps sont des pages web ou des sites qui ressemblent aux traditionnelles applications natives, accessibles via un partage d’URL, sans avoir à les télécharger depuis une application store.

Les avantages des Progressive Web Apps pour les mobinautes sont nombreux : gain de temps car l’installation est simple et rapide, plus besoin de passer par un magasin d’application. L’expérience est optimisée car les PWA fonctionnent sur tous les types d’appareils mobiles, quel que soit le système d’exploitation, le navigateur choisi et la qualité du réseau (elles fonctionnent même sans aucune connexion grâce au Service Worker).

Bientôt nous aurons le « Off Line First », qui nous permettra de naviguer sans aucune expérience dégradée lorsqu’il n’y pas ou peu de réseau.

Pour une marque, les PWA permettent de réengager les utilisateurs et les fidéliser. Ils seront impliqués même si l’appareil n’est pas actif avec, par exemple, des alertes pour le prochain match ou l’inscription à un événement particulier pour un magazine sportif. L’interaction est continue.

Les PWA sont plus faciles à maintenir et moins couteuses. En France, le magazine L’Equipe a été parmi les premiers à proposer l’installation d’une PWA. J’aurai l’occasion de vous présenter d’autres exemples concrets en mai prochain.

Avec plaisir. Pour finir, pourquoi as-tu accepté d’intervenir à Performance Web ?

Je suis venue à Performance Web pour la première fois l’année dernière et j’ai eu l’occasion de rencontrer différentes personnes aux expériences toutes plus enrichissantes les unes que les autres. C’est en fin d’année dernière, suite à une conférence que j’ai donnée à Toulouse, que j’ai eu la chance d’être invitée par Patrick Chareyre à intervenir à Performance Web. J’en suis fort heureuse parce que ça me permet de parler de sujets qui me tiennent à cœur, tel que le mobile, en tant qu’experte SEO. Et puis…j’aime la Suisse et c’est toujours un plaisir pour moi de venir.